Visite du Centre Opérationnel Transilien Ligne C le 18 mars 2011

Le Centre Opérationnel Transilien Ligne C (ou COT ligne C) est le centre de contrôle de la ligne C pour la SNCF.

Qu’est-ce que ça veut dire « centre opérationnel » ? Qu’est-ce qu’on y fait ? C’est-là que l’on met les trains en panne ? Qui y travaille, la SNCF ou RFF ? Qui gère les aiguillages, qui gère les annonces ? Qui décide de supprimer ou retarder des trains ?

C’est avec toutes ces questions que deux membres du CA de Circule sont allés le visiter. Une version brève de leur récit a été publiée dans le journal de Circule de juin 2011, en voici la version intégrale.

Le COT ligne C (Centre Opérationnel Transilien) est situé dans la gare Montparnasse, au sein d’une grande salle appelée « salle opérationnelle de Paris Rive Gauche ». Dans cette même salle on trouve des entités dépendant de la SNCF (transporteur) et de RFF (Réseau Ferré de France, propriétaire des voies ferrées) : COGC (RFF), plusieurs COT SNCF  (pour les lignes C, N, U, TER Paris-Chartres-Le Mans), un COV (centre opérationnel voyageur de la SNCF pour les trains inter régionaux).

COGC

Le COGC (centre opérationnel de gestion de la circulation) assure pour RFF :

  • l’exploitation des infrastructures ferroviaires,
  • l’organisation de la circulation des trains compte-tenu des retards et des aléas,
  • la gestion des aléas survenant sur les infrastructures.

La zone concernée est la rive gauche de la Seine, comprenant le RER C (sauf la branche la plus au Nord), mais aussi toutes les voies ferrées d’Ile-de-France vers Orléans et Chartres, y compris les lignes TGV ; la zone déborde même de l’Île-de-France vers les régions Pays de Loire et Normandie.

C’est ce COGC qui est  vraiment le chef d’orchestre des circulations des trains sur la zone. Il commande aux différents PAR (poste d’aiguillage et de régulation) et est le seul à pouvoir parler aux conducteurs des trains par radio. Un coordinateur et cinq régulateurs sont constamment présents, gérant chacun une partie de la zone du COGC. Chaque régulateur dispose de plans des voies ferrées et de plusieurs écrans informatiques (logiciel Galite) montrant l’avancement des trains par rapport à leur planning initial.

SNCF et RFF

Les COT et COV sont des entités de la SNCF. Ils sont dans la même salle que le COGC qui lui dépend de RFF. Il avait été envisagé de les séparer, ou encore mettre une vitre entre RFF et SNCF. Cela n’a heureusement pas été fait et ils peuvent donc mieux travailler ensemble. Par contre les entités SNCF gérant le fret et les TGV sont dans une autre salle, de même que les transporteurs concurrents (fret, voyageurs)

Le COT de la ligne C

Trois personnes sont en permanence présentes : GIV, GEM, GTI.

Le GIV, Gestionnaire de l’Information Voyageurs, assure l’information en temps réel des voyageurs et des agents des gares. C’est lui qui fourni les informations aux différents écrans que nous voyons dans les gares, et aux agents SNCF qui font les annonces. Par contre il n’est pas en contact avec les conducteurs dont la radio est utilisée uniquement par RFF (COGC).

Le GEM, Gestionnaire de Moyens, s’occupe de la gestion en temps réel des rescources humaines et matèrielles : conducteurs et trains. Il est en relation avec les centres de maintenance des Ardoines et de Trappes.

Le GTI, Gestionnaire du plan de Transport et de l’Information, est décrit comme le chef d’orchestre de la ligne C, mais pour beaucoup de choses il passe par le COGC. Il reçoit du COGC les informations sur les problèmes de circulation, notamment provoqués par d’autres lignes. Il surveille le bon avancement des trains du RER C et si besoin il modifie le plan de transport : allègement, arrêts supplémentaires, modification de mission, suppression de trains. Par exemple, s’il commence à y avoir des bouchons dans Paris. Dans ce cas  il peut, par exemple, supprimer des trains au départ de Brétigny pour éviter l’effet boule-de-neige et fluidifier le trafic intramuros ; dans ce cas il envoie le train à vide vers Saint-Quentin-en-Yvelines, en passant par Massy et sans passer par Paris.Ce train pourra ensuite faire le retour St-Quentin->Paris->Brétigny avec des voyageurs.

En cas de gros problème, il déclenche des transports de substitution (en autobus) et il appelle l’encadrement pour créer une cellule de crise.

Les scénarios

Depuis un peu moins de deux ans, pour faire face aux situations très perturbées (plus de deux heures), des scénarios de repli ont été mis au point. Ils sont préparés d’avance. Ils permettent par exemple, en cas de gros problème le matin, d’assurer le retour des usagers chez eux le soir. C’est ce qui s’est passé le 24 novembre 2010, suite à un aiguillage cassé en gare de Musée d’Orsay.

Ce projet a été initié il y a trois ans suite à de nombreuses plaintes des usagers. Ces scénarios auraient pu exister bien plus tôt, par exemple dès 1979 à la création du RER C, mais personne n’en avait mesuré la nécessité.

Les outils logiciels

Le GTI a sur son poste de travail au moins 6 écrans, le plus grand nombre étant pour voir l’avancement des trains avec le logiciel Galite qui est mis à disposition par RFF. Un écran (logiciel Ecler) montre une vue globale de la ligne C, avec des codes de couleur qui indiquent la position et ponctualité de chaque rame : les trains à l’heure (en vert), les petits retards (en orange) ou les gros retards (en rouge). Le calcul des retards est le seul indicateur temps réel présent sur cette vue. Enfin, s’étant rendus-compte que le nombre de personnes présentes sur les quais influe sur les retards (le temps de monter et descendre), un écran a été ajouté pour montrer les vues des caméras qui sont sur les quais. Cependant on ne peut voir qu’une gare à la fois.

Aucun outil de simulation court terme (quelques minutes), ni aucun outil d’aide à la décision pour la modification ou la simulation du plan de transport sur les prochaines heures n’est disponible ni en projet.

Les compétences

Pour gérer efficacement les situations complexes du RER C en cas d’aléas, la direction du COT attache une importance particulière au choix des candidats pour y travailler : leur savoir faire, leur mobilisation et leur expérience sont la clé du bon fonctionnement de ce service.

Compétence et artisanat

Pour conclure, nous reprenons les mots du directeur de la ligne C, Pierre Cunéo, qui nous avait accueillis au COT : « Le travail des opérateurs du COT ligne C est particulièrement complexe et ils le font avec beaucoup de compétence. Ils disposent de peu d’outils logiciels pour trouver des solutions aux problèmes qui se posent en temps réel, ils font tout an puisant dans leur savoir-faire et leur expérience, d’où le terme d’artisanat. »

On se réjouit de la compétence et de la conscience professionnelle des opérateurs, qui font honneur au service public ; on se réjouit également que leur hiérarchie en soit consciente. Cependant la situation est un peu risquée, car si au gré de réorganisations, de changements dans l’équipe dirigeant du COT ou de gestion imprévoyante des ressources humaines, le niveau d’excellence des opérateurs du COT baissait, la situation du RER C deviendrait catastrophique.

Enfin, notons que le peu d’outils informatiques d’aide à la décision actuellement mis à la disposition des opérateurs du COT montre que de gros progrès sont possibles : si la SNCF investissait dans ce sens, le RER C pourrait fonctionner de façon plus robuste face aux aléas.

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